Iran-BazarPreparatif

Iran : bazar préparatif

Certains voyages se préparent plus que d’autres. Sur quoi se préparer? Laissons les itinéraires à la liberté du hasard… se préparer c’est d’abord savoir où l’on met les pieds. Les informations techniques (visa, taux de change etc.) se trouvent facilement dans une myriade de guides ou de sites internet.

Pour l’Iran ma préparation s’est faite un peu naturellement. Déjà parce que je rêvais d’y aller… mais aussi parce que mon entourage évoquait ce pays avec autant de de mystères que de crainte. J’ai dû en rassurer certains sur Al-Quaida ou l’EI; répondre à trois cent mille « Chouette mais pourquoi? ». Bref… outre la curiosité de s’informer sur un tel pays j’ai dû me préparer à répondre aux moues dubitatives. Plaisir et curiosité gagnante… car en tirant la ficelle, on découvre peu à peu une société si éloignée de ses clichés traditionnels qu’on y plonge avec la fascination enfantine des choses nouvelles.

Pleins de questions sur cette ficelle… C’est quoi le chiisme? Cette mode de se refaire le nez? Et qu’est-ce que c’est que cette histoire de mariage en CDD? Parfois un livre entraîne un film qui en précède un autre etc. C’est comme ça que j’ai fonctionné. Ce qui suit aiguisera j’espère votre curiosité. L’Iran le vaut bien… car si on y arrive avec vingt questions croyez bien qu’on en repart avec cent.

Pas d’exhaustivité. Juste l’inventaire du petit bazar de ce qui m’a inspiré:

Un soupçon de lecture

J’avais déjà parlé de la BD Au pays des mollah de Hamir-Rezad Vass (2011). Voici deux autres bouquins plus utiles que n’importe quel guide sur l’histoire et la société iranienne:

  • Marche sur mes yeux (2010) de Serge Michel et Paolo Woods. Attention mine d’or! Le témoignage conjoint d’un journaliste et d’un photographe durant leurs travaux en Iran. Une cinquantaine de chapitres très courts dressent le portrait de la société iranienne. Qu’est ce que le tarouf? un bassidjis? A quoi ressemble un contrat de mariage iranien?! Autant de questions dont les réponses -souvent utiles!-  illumineront vos conversations mondaines…
  • Les Pintades à Téhéran (2007) de Delphine Minoui. Très instructif sur les femmes, l’Iran et Téhéran. Une série d’histoires ornées un chapelet de bonnes adresses et d’anecdotes… Delphine Minoui y détaille la vie des téhéranaises en maniant des sujets aussi divers que l’éducation, le mariage arrangé ou même la drague en voiture. L’homme y lit des choses qu’il ne verra jamais :)

Un zest de cinéma

Du cinéma iranien je ne connaissais que Persépolis (2007)… puis en creusant un peu on tombe sur d’autres surprises. A parler de censure, de traditions ou des conditions de la femme etc, l’éventail thématique se joue des interdictions et lève un bout de voile sur l’Iran d’aujourd’hui.

J’ai particulièrement apprécié ces trois films:

  • Une séparation de Asghar Farhadi (2011). Bon… ce n’est pas un film gai comme Ben Stiller pourrait le produire. L’histoire d’un divorce doublé d’un avortement qui se termine en drame familial pose il est vrai un cadre assez sévère. Mais la manière dont ressort le poids des contraintes et des traditions en Iran permet aussi de comprendre comment fonctionne ce pays.
  • Les Chats persans de Bahman Ghobadi (2009). L’histoire de deux jeunes iranien qui souhaitent partir à l’étranger afin de monter leur groupe. Beaucoup de musique -interdite- et un tournage in vivo -interdit!- au cœur du Téhéran underground.
  • Et mon préféré… Offside de Jafar Panhi (2006). L’histoire de jeunes femmes arrêtées parce qu’elles voulait assister à un match de football. Pas de violence… le match sert de prétexte à dénoncer les conditions des femmes en Iran. Hautement captivant et… interdit en Iran.

Des musiques iraniennes

Musiques au pluriel. C’est d’ailleurs une bonne porte d’entrée pour découvrir l’histoire du pays.

Quelques exemples avec…

  • De la musique classique. A troquer un piano pour un santour et une cymbale pour un daf… j’ai découvert cette musique à Paris et j’en parle dans cet article.
  • De la variété 70’s avec Googoosh… un mix entre Dalida et Mireille Mathieu. Une icône pop et dévoilée -comme toutes les femmes sous le shah- dont les paroles versaient de l’eau de rose parce qu’après tout seul l’amour compte etc. Aujourd’hui elle vit aux Etats-Unis. Elle continue à chanter.
  • Appelons ça les « clips d’Etat ». Des groupes autorisés qui surfent sur le culte du martyr et un nationalisme revisité de la guerre Iran/Irak. Les clips sont glauques (images de guerre, de sacrifices, de pleurs etc.) et les mélodies aussi traînassantes que… chiantes. Je n’ai pas (encore) trouvé d’exemples sur le net mais on en entend de temps à autre dans les lieux publics. Collector in a way… mais intéressant au regard du rôle historique qu’a joué cette guerre dans la consolidation du régime et de son utilisation aujourd’hui dans la construction de l’identité iranienne.
  • Les derniers clips de « Téhérangeles » et d’ailleurs. Avec la censure une large communauté d’artistes exerce aujourd’hui à l’étranger. Notamment aux Etats-Unis. Des chansons d’amour d’Arash à la house de Deep Dish on en trouve pour tous les goûts.

Et un peu plus sur le web

Enfin pour vous inspirer sur le web et dans le bazar le plus total je vous propose…

  • De la photo: le site d’un étudiant iranien Mohammad Reza Domiri Ganji. De superbes photos d’architectures et de voûtes en panoramique. Il est tout jeune! J’adore ce qu’il fait.
  • Un webzine lifestyle et francophone Les Persiennes (art de vivre, culture iranienne etc.).
  • Les articles sur l’Iran (et ailleurs!) de Laurent –onechai.fr et Mathieu –lesvoyagesdemat.com.
  • Trois comptes sympas à suivre: Discoveriran, Tourisme_Iran et Cafenostal.

Maintenant si vous avez bien conscience qu’en Iran 1) l’alcool est interdit par le régime, 2) le voile y est obligatoire pour les femmes et 3) on ne peut pas y retirer d’argent… alors vous êtes prêts pour le décollage. Passés ces menus détails on découvre un pays fascinant :)

  • Marche sur mes yeux, de Serge Michel et Paolo WoodsGrasset & Fasquelle, 2011.
  • Les pintades à Téhéran, de Delphine Minoui. Jacob-Duvernet, 2007.
  • Au pays des mollahs, de Hamir-Rezad Vass. Même pas mal, 2011

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