Hebron-TerrainJeu

Murs et lamentations #2

Palestine deuxième acte! Après un premier volet sur Ramallah et Naplouse, longeons les murs de Hebron. Une ville coupée loin de la tranquillité rêvée d’une ville sainte.

Hebron ou le principe de la colonie urbaine

Hebron compte environ 130 000 habitants palestiniens et quelques 500 colons israéliens. Entre eux se trouve une sorte de « mur » déposé à l’arrache. Une frontière construite au fil du temps… Pas un mur moulé-bétonné mais un enchevêtrement de grillages et de rues bouchées. Un mur de méfiance. De confrontation. Hebron… une ville coupée où chacun surveille l’autre à l’ombre de son drapeau.

Hebron-Frontiere

Près des zones de séparation les rues palestiniennes sont désertes. J’ai vu quelques caméras de surveillance israéliennes posées ici et là. Près du marché notamment. Des patrouilles israéliennes sont postées un peu partout sur les toits ou le long des grillages. Algeco, chaises en plastique, paravents, barbelés et blocs de béton… pour assurer la séparation des deux zones ici rien ne semble de trop.

Hebron-Walls

Le plus étonnant reste cette proximité… Sur les toits palestiniens on se trouve parfois à quelques mètres des fenêtres israéliennes. Au travers des carreaux on devine une cuisine… un salon.

Plus bas sur le marché. En jetant un œil au bout d’une petite ruelle on devine une ouverture et des enfants israéliens y jouant au bout. On les entend rire. Leur espace est protégé par de hauts grillages. Impossible d’entrer en contact avec eux alors qu’ils sont là. Tout près…

Hebron-Chaises

Plus de 2 000 militaires « protègent » les 400 colons juifs d’Hebron… En réalité ils contrôlent un peu près tout. L‘armée israélienne continue à procéder à des arrestations et à des patrouilles en territoire palestinien. L’armée contrôle également toutes les entrées du Tombeau des Patriarches.

Un quotidien d’exception

De part sa configuration exceptionnelle Hebron est sans doute la ville qui m’a le plus marqué en Cisjordanie. Dans cette proximité on y ressent davantage les tensions; on y perçoit facilement des gestes ou des regards de défiances.

Hebron-Stone

Les scènes quotidiennes notamment y prennent une toute autre dimension. Je me souviens d’avoir tapé la balle en pleine rue avec un jeune garçon –situation normale!– au moment même où une patrouille de Tsahal armée pour le D-day se postait juste à côté de nous -situation pas normale!-. Franchement le jeune garçon les a à peine remarqué…  Difficile pour le visiteur de ne pas être troublé. C’est vrai quoi… comment jouer au foot à côté de mecs sur-armés dont la méfiance n’a d’égale que l’antipathie supposée qu’ils ont vis à vis du propriétaire de la balle???

Comment marcher dans ses propres rues sous la surveillance de caméras et de militaires étrangers?

Comment concevoir ne pas pouvoir se déplacer librement dans sa propre ville?

A chaque contexte son lot d’interrogations. Hebron est une ville où l’on se pose beaucoup de questions…


Hebron a une histoire riche -certes pas toujours réjouissante- qui mérite qu’on s’y attarde. Pour en voir plus sur cette ville (outre google!) vous pouvez voir ce reportage « Hebron: le chemin de la paix » réalisé en 2011 et diffusé sur Arte.

Prochain et dernier article prochainement sur les murs de Bethléem.

3 réflexions au sujet de « Murs et lamentations #2 »

  1. J’ai beaucoup aimé ton article qui m’a interpellé et qui me rappelle a quel point nous avons de la chance de vivre où nous vivons à l’abri de cette tension quotidienne… même si tu fais remarquer que les gens semblent s’y être habitués, cela doit être dur à vivre au quotidien.

    1. Merci! Oui sur ce point on a vraiment bien de la chance… le plus troublant c’est que la Cisjordanie se trouve tout près des plages de Tel-Aviv ou l’ambiance est nettement moins tendue. Le contraste est d’autant plus détonnant.

  2. Article très poignant… J’essaie d’imaginer à quel point cela peut-être destabilisant de voir deux populations constamment sur le qui-vive et pourtant continuant de vivre… Merci d’avoir partager cette expérience, cela fait beaucoup relativiser !

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