Ça commence par une mélodie familière…
Puis vient l’annonce d’un vol… Une escale. Trois films. A l’arrivée la température monte et on recule sa montre. Douanes tatillonnes, bagages sur le tapis… premières négociations avec le taxi et c’est parti! Bienvenue à « Ташкент », capitale de l’Ouzbékistan.
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Bien que positivement moches certaines villes ne sont pas moins digne d’intérêt. Objectivement… Tachkent est une ville moche. Mais sa position en périphérie de l’ex-URSS et au cœur de l’Asie centrale permet d’observer les étranges mixités propre au carrefour des influences musulmanes et soviétiques.
Tachkent ne charme pas d’emblée… Complètement détruite en 1966 par un tremblement de terre, la ville est aujourd’hui très étendue sans que l’on puisse y discerner un véritable centre. De fait on « saute » d’un quartier à l’autre… La vieille ville s’organise autour du Chorsu market: un énorme dôme planté au milieu d’un dédale de ruelles poussiéreuses et enfumées qui fleurent bon le plov et la gazoline. C’est de loin le quartier le plus animé et à mon sens le plus sympathique de la ville. Ici mosquées et medersas côtoient des semblants de ruines soviétiques ; plus loin des tuyaux de gaz serpentent des rues qui débouchent sur des avenues trop larges pour supporter la modeste circulation. On parle russe et ouzbèke; on change ses dollars au marché noir et on goûte avec une fausse délectation ses premières saucisses de cheval.
Plus à l’est s’étend la ville moderne. Changement de ton… cet immense quartier s’apparente à un soviétisme architectural « customisé » par les délires mégalos du Président Karimov. Aux deux extrémités les énormes places Amir Timur madoyni et Mustaqillik maydoni sont reliées par une ironique « avenue de Broadway ». Un style propre à la largeur et au gigantisme avec un Sénat plus blanc que blanc et d’immenses fontaines qui ne fonctionnent qu’à mi-temps. Derrière leurs vitres fumées la plupart des bâtiments semblent dramatiquement vides… L’ensemble est imposant et si artificiellement figé que l’on ressent avec inquiétude un cruel manque d’animation. La ville moderne est raisonnablement assez grande pour laisser passer chars et parades… mais sans véritable vie on s’y promène avec curiosité sans trop vouloir s’y attarder. Karimov doit s’y sentir bien seul…
De Chorsu market à la ville moderne… Deux villes dans une ville qui regorge également d’autres quartiers. Au final seul le métro réalise une belle synthèse de ces deux extrêmes. Construites dans un style purement soviétique comme un hymne à la sinistrose, les stations sont toutefois superbement décorées de faïences colorées et de moulures orientales. On traîne d’une station à l’autre comme dans un petit voyage dans le temps à la rencontre des influences qui ont façonné cette ville.
Tachkent est une bien étrange cité mais rares sont les visiteurs qui s’y attardent plus d’une journée ou deux. Entre les noms charmeurs de Boukhara et de Samarcande; des campagnes plus isolées aux confins du désert… le reste du pays promet de bien plus belles perspectives!
Faut nous vendre du rêve :-)
Tachkent balance autant de rêve qu’une recette manquée de gloubiboulga…! Une ville curieuse mais pas franchement ultra délire Elle mérite quand même le coup d’oeil!
Il s’est passé pas mal de choses depuis: entre les nuits dans le désert, Boukhara, Samarcande et une petite virée vers la fournaise de la frontière afghane j’aurais de quoi raconter dans les prochains post :)