Javid Afsari, Mahsa Vahdat et Behnam Samani. A Paris ils ne sont connus que des puristes de la musique classique iranienne et des bobos montmartrois prĂ©sents au théâtre des Abbesses le 13 janvier dernier. Au milieu de ce haut gratin je trimbalais mon ignorance de la chose sans feindre la connaissance bon teint (mais peut-ĂŞtre rĂ©elle…!) et l’impatience convenue de mes congĂ©nères bobos.
Qu’attendre des mĂ©lodies d’une civilisation millĂ©naire? Compte rendu d’une oreille candide au pays de la musique classique iranienne :
- Javid Asfari joue du santour. C’est la première fois que je voyais un tel instrument… très vulgairement je dĂ©crirais le santour comme une grosse planche en bois posĂ©e Ă l’horizontale avec des cordes que l’on effleure grâce à deux gros cotons-tiges. Il est Ă©vident que « planche en bois » et « contons-tiges » ne sont pas les termes techniques de la chose mais face Ă l’ignorance on dĂ©crit avec ses armes. Mes excuses aux puristes…
- Deux sons deux Ă©coles. La mĂ©lodie Ă©lectrisante du santour s’associe très bien aux percussions du daf (une sorte de grand tambourin) et du tombak (un peu comme un tam-tam) de Behnam Samani. Des percussions maniĂ©es avec une telle aisance que les doigts du musicien semblent aller plus vite que les rythmes qu’il produit. C’est un spectacle visuel et auditif. Les peaux tendues sont caressĂ©es par un doigtĂ© de masseur qu’on en rĂŞverait presque de se rĂ©incarner en tombak…
Les rythmes s’Ă©chappent et reviennent sur des morceaux oĂą de nouvelles notes apportent Ă chaque moment une lĂ©gère nuance. On a l’impression qu’ils s’amusent a divaguer.
Les voici en scène lors d’une reprĂ©sentation Ă Madrid :
Mahsa Vahdat a une voix tombĂ©e du ciel mais -comme toutes les femmes iraniennes- elle ne peut pas se produire seule sur scène dans son pays. A dĂ©faut de comprendre ce qu’elle chantait je peux vous dire que c’Ă©tait souple et d’une langueur terriblement envoĂ»tante. Sur cette vidĂ©o on l’entend chanter avec sa soeur Marjan :
L’Iran est l’une des plus vieilles civilisations du monde. Leur musique classique va Ă©videmment bien au-delĂ de ces trois personnages et des instruments jouĂ©s lors de cette reprĂ©sentation. C’est une musique qui a sa propre histoire avec ses influences et son hĂ©ritage. Contrairement aux nĂ©ophytes qui s’extasiaient sur le rythme tombak le public iranien semblait littĂ©ralement « vivre » ces mĂ©lodies. D’une certaine manière le spectacle Ă©tait aussi sur leurs visages. On a envie de comprendre et de creuser la chose. A la rĂ©flexion la musique est une petite clĂ© bien utile pour s’ouvrir Ă une nouvelle culture.
Photo Ă la une: Iranian Music Groupe – 1886 – Kamal-ol-molk
très belle musique. Je ne connaissais pas du tout. Merci pour cette découverte :)
Il y a pas mal de concerts sympas au Théâtre des Abbesses. De la musique des 4 coins du monde… C’est une bonne adresse pour dĂ©couvrir :)
j’ai jamais entendu des morceaux de musique iranienne et elle n’est pas trop connue dans le monde , comme celle du Maroc par exemple , pourtant ce que j’ai entendu est bien agrĂ©able.Merci pour la dĂ©couverte